Le Point Chiffon : « Le Seigneur des Anneaux » vol.1

Aaaaaaaawwwwwwwwwwwww, mais qu’est-ce qu’il se passe ici ?
Ça pointchiffonne alors que c’est même pas « Game of Thrones » ? Ya plus de saison ma parole !!!

Allons allons, cher lecteur courroucé bien légitimement par la perturbation EHONTÉE de ta routine, apaise ton tourment car ceci n’est qu’un test, histoire de voir si la formule 1) te plait, 2) y’a pas vraiment de deux, vu que ça aurait pu être « me plait » sauf que si je me fais suer à l’écrire, c’est quelque part que j’y trouve un certain plaisir, CQFD.

Les costumes voyez-vous, c’est ma grande passion.

« Pirate ! »

Si vous suivez mes billets sur « Game of Thrones » vous savez sans doute que je consacre de temps un temps quelques paragraphes aux costumes, non pas pour y disserter des heures sur la broderie, mais pour essayer de comprendre un peu les intentions derrière leur conception, le choix des formes et des couleurs, bref, ce que le vêtement, utilisé comme outil narratif, nous dit du personnage.

J’aime bien faire ça, et une partie d’entre vous aime bien lire mes digressions, donc…

Je me suis dit que je pourrais carrément en faire une nouvelle rubrique, afin d’élargir un peu les horizons du Point Chiffon, voyez…

« Pirate, voyeeez… »

Voici dont le crash test, consacré à, y’a pas de suspens si vous avez lu le titre, « Le Seigneur des Anneaux ».

Oui, je suis complètement folle de m’attaquer ainsi à une trilogie comportant quelque chose comme mille milliards de costumes, mais que voulez-vous, la véritélavraie, c’est que je connais tellement cette trilogie sur le bout des doigts, qu’il m’a semblé logique d’attaquer par elle, because c’est le choix de la facilité.

Mais comme on parle d’une oeuvre assez massive, je vais y aller par étapes, en ouvrant les hostilités par un Point Chiffon consacré à un seul personnage : Arwen.

Allez, c’est parti…

Les costumes du « Seigneur des Anneaux » ont été conçus par Ngila Dickson, dont la première collaboration avec Peter Jackson remonte à « Créatures Célestes ». Elle a également œuvré ses ces deux fleurons de la télévision néozélandaise que sont « Hercule » et surtout « Xéna », dont il est rigoureusement interdit de dire du mal ici. Sans déconner. Le RESPECT.

Les costumes du « Seigneur des Anneaux » sont conçus en suivant la ligne fixée pour chaque peuple par la collaboration entre Alan Lee en John Howe, qui ont défini les contours visuels de la trilogie.
Afin de ne pas alourdir un billet qui promet déjà d’être assez long, je ne vais pas m’attarder sur les influences ayant présidé à la conception de ces costumes. Si le sujet vous intéresse, les bonus des versions longues de la trilogie sont assez riches en la matière, évoquant entre autre pour les Elfes l’influence considérable de l’Art Nouveau et des peintres préraphaélites.

J’aurai recours à la fois à la photo mais aussi la vidéo. En effet, le costume servant à exprimer quelque chose sur le personnage au sein d’une scène, ce que le personnage joue a de l’importance afin de mieux comprendre ce que l’on cherche à exprimer.

Attation, voici le gros morceau de ce point chiffon.

Fille d’Elrond, dame de Fondcombe, pépite de la race elfique, Arwen dispose en toute logique d’une garde-robe à la mesure de son statut « royal ». Avec Eowyn, Arwen est le personnage disposant de la garde-robe la plus fournie, pour des raisons très simples : toutes deux occupent des positions très élevées dans leurs sociétés respectives, ceci devant se refléter dans leur mise. Au cumulé, elles sont aussi les personnages féminins avec le plus long temps de présence à l’écran. Enfin, contrairement à Galadriel, elles ne sont pas des créatures hors du temps mais des êtres en prise avec la réalité. Même si ce principe est fluctuant chez Arwen, comme nous allons bientôt le voir.

Nous verrons aussi comment Ngila Dickson va naviguer entre deux couleurs avec ce personnage, afin de nous situer sur l’échelle des sentiments qui l’unissent à Aragorn.

L’apparition.

La première apparition d’Arwen a lieu dans « La Communauté de l’Anneau », quelques jours après l’attaque du Mont Venteux. Frodon est aux portes de la mort, après la blessure que lui a infligé le Roi Sorcier. Alors qu’Aragorn part en quête d’athelas dans les bois, il se laisse surprendre par une main armée d’un sabre, qui se révèleront rapidement appartenir à une femme.

Un peu extrait vidéo pour illustrer tout ça :

 

 

Première remarque : « Le Seigneur des Anneaux » a été une trilogie assez complexe à filmer, compte tenu du temps et de l’échelle de la production. Il y a ainsi parfois des erreurs de continuité perceptibles à l’écran, comme c’est le cas ici. En effet, dans cet extrait où elle arrive vers Frodon, deux costumes sont présentés. Celui qu’elle porte à cheval et lorsqu’elle démonte et celui dans lequel elle s’avance vers le Hobbit.

Le premier comporte entre autre un manteau et une couronne :

Ces deux éléments lui ont été retirés pour filmer les plans où elle n’est plus qu’une simple silhouette nimbée de lumière.


Re-visionnez maintenant l’extrait vidéo posté plus haut avec cette information à l’esprit, et vous verrez comme le changement de costume est désormais flagrant. Il est probable que le total look manteau+couronne n’ait pas été satisfaisant pour les plans rapprochés, qui ont pu être filmés un peu plus tard (tourner des morceaux d’une même scène avec plusieurs semaines voire mois d’écart n’était pas rare sur la trilogie), avec une version allégée du costume. Au final, ce n’est qu’un détail, assez difficile à percevoir à l’écran, compte tenu du fait que les premiers plans ne dessinent que la silhouette du personnage, ne laissant guère apprécier les détails de sa tenue, contrairement aux plans d’après.

Et ces plans d’après servent un but très précis, qui explique presque à lui seul pourquoi au final, le manteau et la couronne ont été retirés.

L’arrivée d’Arwen au secours d’Aragorn et des Hobbits sert dans le film un but que j’ai qualifié de double :

  • introduire son personnage ;
  • présenter les Elfes.

Les Elfes, un véritable défi de représentation que Peter Jackson n’a que partiellement relevé à mes yeux, mais je n’exprimerai pas mes réserves ici, ce n’est ni le moment ni le lieu.

D’autant plus que dans cette scène, il atteint parfaitement son objectif, touchant du doigt quelque chose sur leur nature qu’il n’aurait plus le besoin d’expliciter par la suite.

Blessé par la lame de Morgul, Frodon glisse doucement vers l’entre-monde depuis lequel la réalité lui semble floue. Dans le livre, à l’arrivée de l’Elfe Glorfindel (qu’Arwen remplace dans le film), Frodon est le seul à le percevoir comme un être de lumière. Il en est de même donc ici pour Arwen.

La robe conçue pour illustrer ce moment et la nature entière de cette race étrange et mystérieuse est extrêmement simple. Ignorant les périodes de conceptions des costumes, je ne peux guère me risquer à dire qu’il s’agit du modèle à partir duquel le style d’Arwen a été conçu, mais ce costume fait bel et bien office, à ce moment du récit, de base.

Des matières fluides, des manches larges et évasées, une encolure profonde mettant en valeur son pendentif, une traine, tout est réuni ici pour composer ce qui deviendra par la suite l’uniforme d’Arwen.

Si cette robe seule a été retenue pour les premiers vrais plans du personnage, c’est tout simplement parce qu’elle remplissait bien mieux l’objectif initial de Peter Jackson. Son idée, dans cette scène, est de mettre en lumière, au sens littéral du terme, la nature des Elfes. L’ajout d’un manteau et d’une couronne, retenant des cheveux retenus en demie-queue donnent l’impression qu’Arwen arbore une tenue de voyage. Ce costume semble exister pour des raisons pratiques : elle est couverte, et son visage est dégagé.

Tomber le manteau et dénouer les cheveux pour les laisser flotter libre décuple l’effet recherché, car le costume semble alors décalé, à l’opposé de la tenue de voyage qui apparaitra quelques instants plus tard.

L’idée de ce premier costume est de créer un contraste violent entre la nature des elfes, et leur apparence réelle. Il s’agit ici de définir la nature d’une espèce entière en quelques secondes, et ce costume, aidé par la mise en scène qui l’accompagne, fait parfaitement l’affaire.

D’un blanc immaculé, aux matières fluides, brodé de fils d’argent, il joue avec les intenses lumières utilisées pour créer un effet de halo autour d’Arwen, entre filtre des rayons et réflexion sur les éléments métallisés. Cette robe n’est en fait conçue que pour cela, sa capacité à laisser vivre la lumière.
Il s’agit de l’opposé absolu du costume des Nazguls, conçu et mis en scène pour l’absorber.

On peut même dire de l’entrée en scène d’Arwen qu’elle est l’inverse de ce premier plan large sur un Spectre de l’Anneau.

Les deux créatures se voient ainsi opposées, de manière manichéenne, par leurs natures profondes. Les Elfes produisent leur propre lumière tandis que les Nazgul repoussent toute clarté environnante. Ces derniers infligent des blessures mortelles que seuls les Elfes sont en mesure de guérir.

Mais l’illusion ne dure pas et la réalité reprend ses droits.

Tenue de voyage.

Il s’agit sans doute du costume le plus emblématique d’Arwen de toute la trilogie puisqu’il s’agit de la tenue qu’elle porte le plus longtemps à l’écran ainsi que de celle qu’elle porte durant son unique scène d’action.

 

A ce moment précis de la trilogie, ce costume ne peut encore être comparé aux tenues de voyage de Legolas, le seul autre Elfe des trois films à quitter son foyer et fuir ses daddy issues se lancer à corps perdu sur les routes pour fuir l’oppression.

Il n’empêche que dans cette première moitié de la « Communauté de l’Anneau », ce costume dénote déjà, s’opposant à celui d’Aragorn. Le Rôdeur est en effet la seule personne à l’écran portant un habit fait pour le voyage. Les Hobbits eux, sont en habits de tous les jours, pantalon, chemise, veste et veston, comme s’il s’agissait pour eux de se lancer dans une randonnée dominicale. Ce qui est d’ailleurs le cas. Sam et Frodon ont été fichus dehors par un Gandalf très pressé, tandis que Merry et Pippin ont été embarqués bien malgré eux dans cette affaire. Aucun des 4 Hobbits n’est vêtu pour l’aventure.

Aragorn en revanche, porte des vêtements taillés pour la route, et d’un simple coup d’œil, on comprend qu’ils ont vécu des jours meilleurs.

La tenue d’Arwen en revanche fonctionne comme habit de voyage en grande partie grâce au contraste offert avec sa robe de révélation. Car si l’on examine le costume, il parait foutrement alambiqué pour une tenue de voyage/action.


En gros, nous avons sans doute ici un pantalon sous une longue chemise blanche aux manches larges, le tout recouvert d’un manteau long vert de gris, également aux manches évasées. Il n’y a rien de fondamentalement pratique ici, surtout pas ces fameuses manches qui deviendront immanquablement une galère sans nom si d’aventure Arwen devait combattre.

Ce costume a en effet une fonction essentielle, celle de définir Arwen non pas comme une femme d’action, mais comme une princesse guerrière.

Le rôle d’Arwen a été dans les films augmenté afin de féminiser une histoire presque exclusivement peuplée d’hommes. Sans m’attarder sur les motivations de ce choix, je peux tout de même en déduire que ce qui a guidé la conception des costumes d’Arwen aura été leur extrême féminité. Ngila Dickson ne cherche à aucun moment à créer l’image d’une combattante crédible, mais bien à introduire dans le récit l’image, la silhouette d’une femme. Elle la dote donc d’attributs très féminins dans la grammaire stylistique du film, à savoir les manches larges, les étoffes légères, et les tailles ceinturées.

Ci-dessus, une première proposition pour ce costume de voyage, qui n’a pas été retenue. Bien plus pratique, il marque beaucoup moins l’elfitude du personnage et son statut social. Je trouve que le rejet de cette proposition montre bien les intentions mises dans le costume finalement retenu.

La robe du pont.

Une fois à Rivendell, le film bascule dans une sorte de parenthèse enchantée. Les décors baignent dans une lumière automnale tantôt d’or la journée, tantôt d’argent, la nuit.

Fondcombe est un des derniers royaumes elfes, race au crépuscule de sa vie en Terre du Milieu. Par conséquent, les teintes automnales dominent un décor dans lequel la nature semble reprendre peu à peu ses droits. La maison d’Elrond glisse vers l’abandon et l’oubli, mais la magie qui la garde de l’extérieur y demeure. Ici, le temps est une notion vague, presque abolie, chose traduite à l’écran par le recours fréquent aux ralentis.

Hors du monde, Fondcombe est un lieu où s’exprime plus aisément la nature véritable des Elfes. Ces derniers étant toujours à découvrir pour le spectateur, Arwen est à nouveau utilisée pour rappeler visuellement leur nature. Sa robe du pont est donc une référence à celle de son apparition reprenant sa couleur et son principe de réflexions et transparences.

 

L’idée est de créer autour du personnage un halo éthéré (le concept de l’Elfe « éthéré » si cher au cœur de Peter Jackson sur « Le Seigneur des Anneaux »), renforçant son altérité. Le choix du blanc n’est pas qu’un moyen de jouer avec la lumière, il renforce intuitivement l’aspect angélique du personnage en référençant notre représentation des anges dans la tradition judéo chrétienne.

Mais il y a certainement une autre raison à ceci. NGila Dickson cherchait sans doute aussi à créer un lien entre Arwen et Galadriel, sa grand-mère, qui apparaitra plus tard dans le film dans une robe blanche lumineuse, dame d’un royaume hors du temps où les héros gagneront sécurité et repos.

Si le film ne fait jamais état des lieux familiaux unissant Fondcombe et la Lorien, ce costume se charge de les évoquer.

A partir de ce point, il faut maintenant évoquer la mutation lente des costumes d’Arwen. Ses trois premières tenues se distinguent par leur légèreté, et leur monochromie.

A une exception près, que l’on va évoquer très vite, Arwen s’habille comme une Elfe de la Lorien et non une elfe de Fondcombe. Mais à mesure que la trilogie progresse et que son destin se précise, on la verra abandonner ce style elfique pour glisser, lentement mais sûrement, vers quelque chose de différent.

Les adieux.

Alors que la Communauté quitte Fondcombe, Arwen revêt une tenue très proche de celles que portent les Elfes d’Elrond. Il s’agit d’une robe sans doute parme, couvert d’un manteau parme et argent, fermé par une ceinture rose.

 

Ce costume est bien plus proche du style des Elfes de Fondcombe, mais s’il s’en distingue assez franchement. Ce décalage est aisé à expliquer :

  • Arwen est un des personnages principaux et ce costume est supposé apparaitre dans une scène où elle se tient au milieu de ses semblables, elle doit donc se détacher de la masse au premier coup d’œil.
  • Comme cela a été dit plus haut, le statut d’Arwen est à part, son vêtement sera donc par essence décalé.

Avec ses reflets métallises, le manteau la fait ressortir du reste des Elfes. Mais remarquez l’encolure de son vêtement, haute, en V, exactement comme celui de son habit de voyage. Cette encolure est plus proche de celle des costumes masculins de la scène que de celle des femmes. Ce détail permet également de la faire ressortir davantage au milieu de ses semblables.

Conçu pour faire remarquer Arwen dans une foule, ce costume est aussi intéressant sur le plan de la couleur.

Entre bleu et rouge, le violet : les nuances des sentiments

Les tons violets sont assez rares dans la trilogie, et on ne les retrouve finalement guère que sur les Elfes. Arwen arbore franchement cette couleur uniquement deux fois, dans des scènes coupées au montage que je vais donc traiter ici afin de vous exposer une théorie à moi que j’ai sur la manière dont Ngila Dickson utilise les nuances allant du bleu au rouge pour exprimer l’évolution de la relation entre Aragorn et Arwen. Cette dernière oscille constamment entre deux pôles :

  • Les regrets, auxquels les deux amants se condamnent s’ils se refusent à vivre leur amour. La couleur associé à cet état est le bleu.
  • L’amour assumé et vécu, symbolisé par le rouge.

Je l’ai dit plus haut au sujet du choix de la couleur blanc, mais Ngila Dickson opte pour Arwen d’une symbolique des couleurs très simple à appréhender. Le jeu auquel elle joue entre le bleu et le rouge n’y fait pas exception. Bleu est la couleur du spleen, de la mélancolie, tandis que le rouge est bien évidemment celui de la passion et de l’amour.

Entre les deux, il y a donc le violet, qui marquera un état d’incertitude, comme on va le voir tout de suite.

Comme je le disais plus haut, Arwen ne porte pas franchement de violet dans la trilogie, plutôt des bleu tirant à l’occasion sur une teinte plus lavande.

Or, « Le Seigneur des Anneaux » ce sont aussi une palanquée de scènes coupées dans lesquelles apparaissent d’autres tenues permettant de dégager une tendance plus lourde concernant l’utilisation de ces couleurs, le bleu, le violet et le rouge.

Cette robe, portée dans une scène à Rivendell coupée au montage, illustre assez bien le flou entre le bleu et le violet dans le film. Sur le cliché avec Elrond, non étalonné, la robe apparait bleue, tandis que, comme on peut le voir sur le cliché plus large, elle semble davantage lorgner vers le lavande, une teinte violacée. Un simple étalonnage des couleurs permet de faire varier cette coloration et de donner deux teintes différentes à un même costume, comme le montre bien ce cliché du costume pris durant une exposition, qui montre bien que la robe, bleue à l’origine, peut basculer avec le filtre adéquat dans le violet.

Ce costume ci, purement lavande cette fois, était porté comme on le voit ici dans une scène à Caras Galadhon, impliquant Arwen et Galadriel. Et visiblement non, il ne s’agit pas du même costume.

Enfin, le costume de bataille, porté au Gouffre de Helm :


D’un violet profond cette fois, le costume de bataille d’Arwen a été porté dans une série de scènes appartenant à un arc finalement coupé au montage.

Pour renforcer la présence féminine dans la trilogie, Fran Walsh et Philippa Boyens, les scénaristes décident de faire d’Arwen un « strong female character » (parce que visiblement, le portrait qu’en brossait Tolkien faisait d’elle une andouille soumise au patriarcat… Je pourrais consacrer un article complet au sujet du fait que je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette vision réductrice du personnage et de son traitement par Tolkien). D’où sa présence au Gué de Bruinen, et donc, cet arc dans lequel elle fait reforger Narsil dès « Les Deux Tours », ce qui correspond très certainement à la scène dans laquelle elle porte la robe à la couleur changeante, et se chargeait elle-même d’apporter l’épée à Aragorn. Durant son voyage, elle passait alors par la Lorien, d’où la scène avec la robe lavande.

C’est alors elle qui menait l’armée de la Lorien vers le Gouffre de Helm où elle remettait son épée à Aragorn et participait aux combats. Alors qu’elle fait le choix de risquer sa vie pour l’homme qu’elle aime, Arwen vient au devant de lui dans une tenue de bataille violette tirant vers des reflets roses-rouges (un pourpre, donc).


Tout cet arc a finalement été coupé, sans doute parce qu’il alourdissait considérablement la trilogie, et franchement c’est tant mieux. Mais là n’est pas le propos.

Le violet a ceci de pratique qu’il hésite entre le bleu et le rouge, deux couleurs vers lesquelles les costumes d’Arwen vont osciller suivant la tournure que prend sa relation avec le Rôdeur.

Le bleu peut être vu comme la couleur du regret, de la tristesse, du spleen. Ngila Dickson a fait le choix de symboles simples et évidents dans les couleurs qu’elle associe aux Elfes. On a vu que le blanc les faisaient tendre vers des figures angéliques, afin de souligner leur nature d’être de lumière. Dans « Le Retour du Roi », elle choisira un velours vert pour la robe de « mariage » d’Arwen, symbole évident du renouveau.

Le bleu est donc bien pour Arwen la couleur de ses regrets.

Ainsi, alors qu’Aragorn la quitte puis s’en va avec la Communauté vers son destin, elle porte un costume dont la teinte violette tire davantage vers le bleu que le rouge :

Dans l’arc non-retenu, elle arbore deux robes hésitant entre les deux teintes. En effet, on peut supposer qu’à ce moment de l’arc, Arwen fait le choix de venir en aide à Aragorn, mais ignore si ce dernier reviendra sur sa décision de rompre avec elle. Elle est donc entre regret et espoir de retrouver son amour perdu, entre bleu et rouge :


Puis, alors qu’elle rallie le Gouffre de Helm, et là encore, il s’agit de pures spéculations, elle renoue avec le Rôdeur, et ne peut donc porter qu’un violet tirant davantage vers le rouge, signe que leur relation est sur le point de reprendre.

A noter qu’il existe une autre robe, portée à Rivendell et coupée au montage. Impossible de savoir à quel moment elle était supposée apparaitre, mais si je suis ma logique, sa teinte rose pourrait bien indiquer qu’elle était supposée apparaitre dans une des premières scènes à Fondcombe. Les quelques rares images de tournage pour ce costume montrant Arwen avec le Hobbits, il est probable que cette scène s’intégrait avant le Conseil d’Elrond, alors que Frodon et ses amis visitent les lieux. Un moment où donc Arwen et Aragorn filent encore le presque parfait amour.

Cette théorie sur la navigation d’Arwen entre bleu et rouge pour définir l’état de sa relation avec Aragorn vous semble tirée par les cheveux ? Il est probable qu’elle le soit, mais attendez un peu la suite, car avec « Les Deux Tours », elle semble bien se confirmer.

Le rêve.

Alors qu’il est en route pour le Gouffre de Helm avec les Rohirrims, Aragorn s’égare dans ses souvenirs et revit un moment passé avec Arwen à Fondcombe.

 

Pas vraiment d’ambiguïté ici sur la teinte de cette robe très légère, un bleu très doux, rendu un peu plus pâle à l’étalonnage.


Si l’on suit la symbolique des couleurs établie plus haut, ce choix semble évident. Aragorn n’a plus que ses souvenirs et ses regrets la concernant. Le bleu est donc de rigueur, même si ce souvenir se rapporte à un temps où Arwen aurait du se vêtir de rouge. Mais nous sommes ici dans la tête d’Aragorn, dans ses regrets et sa mélancolie. La fille d’Elrond ne peut donc arborer d’autre couleur que le bleu, référence à l’état d’esprit présent d’Aragorn, non à celui qui était le sien alors.

Anecdote intéressante au sujet de cette symbolique des couleurs, il existe des dessins préparatoires pour cette robe, sur lesquels on peut voir que Ngila Dickson a hésité entre deux teintes la concernant. Devinez lesquelles…

Quelques scènes plus tard, Aragorn est jeté du haut d’une falaise au terme d’un combat contre les chevaucheurs de wargs. Dans un état semi comateux, il a une vision d’Arwen lui donnant un baiser qui va le ramener à la vie.

 

À ce moment de l’histoire, Aragorn, presque mort, n’en est plus stade des regrets. La seule et unique chose qui lui vient alors à l’esprit est la femme qu’il aime et dont l’amour lui sert de carburant depuis le début. Alors qu’il prend conscience de son rôle essentiel dans sa vie, il ne peut s’imaginer Arwen autrement que vêtue d’un rouge profond.



Il existe malheureusement très peu de clichés de cette robe

Et Arwen, de son côté, que porte-t-elle vraiment ?

La robe d’automne.

A Fondcombe, Arwen se morfond sur fond d’automne triste :

 

Bam, du marron, une couleur qu’elle n’a jamais porté et ne portera plus jamais par la suite. Une robe avec une encolure bénitier, plus conforme au style en cours à Fondcombe, avec de longues manches brodées de feuilles d’argent.

Arwen hésite à s’embarquer pour Valinor alors que les derniers Elfes souhaitant faire le voyage sont en train de quitter Fondcombe. Jamais la maison d’Elrond n’a parue aussi morte et vide que dans ce plan nocturne. Arwen reflète ici totalement cet état.

Ce brun, ton mort, est également au diapason de la vision qu’elle va recevoir et qui va la conduire à quitter la Terre du Milieu. Elrond l’y pousse en la convaincant que tout espoir est mort. Arwen est donc dans un état de désespoir absolu, après avoir vécu par procuration la mort future d’Aragorn.

Les Elfes sont à leur automne, disparaissant de la Terre de Milieu comme les feuilles des branches d’arbres. Cette robe, brodée de feuilles mortes, à la teinte brune, est au diapason du crépuscule de ce peuple.

La robe de deuil.

Extraite de la plus belle scène de toute la trilogie, hands down. Nan mais je sais qu’il y a d’autres très belles scènes dans « Le Seigneur des Anneaux », mais celle-là possède quelque chose de vraiment particulier.

 

Arwen s’y voit donc en reine du Gondor, veillant le corps de son époux puis son tombeau. Sa robe noire est ceinturée de rouge. Si vous suivez bien, vous avez compris pourquoi : toujours ce choix de la part de la chef costumière d’utiliser une symbolique très simple dans les couleurs en recyclant ici le noir couleur du deuil.

Quant à la ceinture, d’un rouge sang, elle marque bel et bien toujours la relation d’Arwen et d’Aragorn.

Cette relation, vécue jusqu’au bout, est décrite ici par ce rouge vibrant : Arwen, en restant auprès du Rôdeur, n’a aucun regret, malgré la mort de ce dernier. Cette ceinture est en elle-même un indice du choix qu’elle fera dans le film suivant. Si dans cette scène, Arwen est triste et seule, elle n’emporte aucun regret avec elle. Le rouge de sa ceinture fait aussi écho au rouge de la tunique d’Aragorn. Cette présence d’une couleur aussi vive lors de funérailles lorsque le reste du décor est noir et gris ne peut être que signifiant. Il s’agit bien ici de montrer que malgré l’issue tragique, leur amour a vécu, en référençant la couleur qui symbolise son accomplissement.

Mais dans cette vision, Arwen est dirigée par son père, qui cherche à la confondre en focalisant son discours sur sa douleur. Elle ignore donc le message que lui envoie cette ceinture rouge, et cède à l’abandon et à ses regrets. Trompeur, Elrond lui offre un récit nimbé d’une lumière bleue, sanctionne la fin des funérailles d’un ciel crépusculaire où le bleu des nuages domine la lueur rouge du soleil couchant. Habile, le Semi Elfe.

Parenthèse perso, j’ai ouvert ce paragraphe en disant que cette scène est ma préférée de toute la trilogie (à touche-touche avec le discours de Theoden aux champs du Pelennor, je ne peux pas les départager), mais ce costume… Ce costume est mon préféré de tous. Je pourrais le porter pour aller faire cours tellement je l’aime. Plus, Liv Tyler fait littéralement chanter cette robe. Le noir EST sa couleur.

La vision.

Behold, the magnificent Figwit !!

 

Sous un manteau gris bleuté, Arwen cache sa robe la plus bleue EVER :

Après avoir été convaincue par Elrond de quitter la Terre du Milieu, Arwen choisit donc sa couleur du regret pour gagner les Havre Gris. C’est dans cette robe qu’elle recevra la vision de son fils Eldarion et qu’elle comprendra avoir été abusée par son père.

MAIS, et c’est un grand mais, cette robe préfigure le changement qui va s’opérer désormais chez elle. Arwen ne portera par la suite que des robes présentant exactement la même forme que celle-ci.

Cette silhouette est même carrément son uniforme dans « Le Retour du Roi ». Elle consiste en une sur-robe sans manches en velours uni au col rond brodé, par-dessus une robe plus légère, également brodée aux cols mais aussi sur le haut de ses longues manches longues et évasées, souvent d’une couleur différente à la première (à l’exception de la toute dernière portée à Minas Tirith).

On constate que depuis le départ d’Aragorn, Arwen abandonne peu à peu les étoffes translucides laissant passer la lumière pour des velours plus lourd. Cette tendance traduit son progressif éloignement du monde des Elfes, comme on va le voir tout de suite. Cela traduit aussi la fin d’une certaine légèreté pour elle, où plutôt pour le monde qui l’entoure. En tant que personnage, surtout personnage ayant affronté les spectres de l’Anneau, Arwen sait tout des ténèbres qui s’avancent. Mais il faut avant tout traduire cette menace visuellement.

Alors que la Communauté se forme et part affronter les forces de Sauron, les personnages cessent de fuir le danger pour l’affronter directement. Les enjeux deviennent alors plus lourds, plus sombres, et les costumes d’Arwen traduisent ce changement.

On la voit donc quitter ses étoffes éthérées, presque insouciantes, pour se tourner vers des velours sombres, lourds, exprimant ses tourments et la gravité de la situation.

Le Gondor en noir.

Les armes du Gondor ont toujours été un arbre d’argent sur un fond sable, comprendre un arbre blanc sur un fond noir en langue commune.

Ngila Dickson va donc référencer ces armes dans les costumes associant Arwen à son futur royaume.

Bien sûr le noir de la robe de deuil sert un objectif évident, celui de traduire le chagrin de la reine, mais ce choix a peut-être aussi une fonction de rappel héraldique.

De la même manière, quand Arwen va récupérer les tronçons de Narsil pour la faire reforger, elle est entièrement vêtue de noir.

 

Ce costume fait une très brève apparition à l’écran et n’a pas franchement de raison d’être à part essayer de nous dire quelque chose sur le personnage et ses choix. Arwen revêt ici la couleur du Gondor, auquel elle s’apprête à rendre son roi (le film établit très clairement qu’Aragorn n’avait aucune intention de réclamer sa couronne jusqu’à ce qu’il reçoive Anduril, et encore, il est moyen convaincu, le gars). Accessoirement, avec sa capuche, c’est un peu comme si elle jouait au ninja (c’est d’ailleurs le nom de code que je donne à ce costume : Ninjarwen. Comment ça, c’est chelou de donner des petits noms à des costumes ?).

J’avoue que cette scène me turlupine un peu. Arwen se présente la tête couverte, déterminée, toute de noire vêtue. A chaque fois que je la vois, il me semble qu’elle est là pour s’emparer des tronçons de Narsil et la faire reforger.

Or, la scène suivante, que nous verrons un peu plus tard, la montre fragile et suppliante devant Elrond qu’elle tente de convaincre de réparer à l’épée.

Je me demande si la scène avec la capuche noire ne fait pas en réalité partie de l’arc « Xenarwen », dans lequel elle se rend au gouffre de Helm. Je vois la chose ainsi. Après le départ d’Aragorn, Arwen tente de convaincre Elrond de reforger l’épée, dans la scène avec sa robe violette évoquée plus haut. Mais elle échoue (ce qui expliquerait l’air menaçant d’Elrond et son air dépité à elle dans la photo de tournage les présentant tous deux) et décide alors de la faire reforger elle-même avant de partir vers la Lorien (cf la scène avec la robe lavande, expliquant l’air soucieux de Galadriel, accueillant sa petite fille en fuite).

Cette proposition explique mieux le décalage manifeste entre la scène devant Narsil et celle dont je parlerai juste après. Il a en effet existé deux versions d’Arwen dans le scénario, et ces deux versions sont assez difficiles à concilier, l’une étant une combattante déterminée, et l’autre un personnage plus influençable et fragile.

Pour en revenir au noir, s’il est une référence aux armoiries du royaume, il peut aussi avec une fonction autre, celle de rappeler, par touches, le destin d’Arwen et Aragorn, la mort de ce dernier suspendue comme une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Le noir, présent sur le costume de sacre du roi mais aussi dans la vision qu’à Arwen de leur fils, pourrait bien avoir aussi une valeur symbolique.

L’Etoile du Soir s’éteint.

Arwen a froid aux mains et elle est tellement faible qu’elle ne peut plus tenir un livre. Je sais pas ce que c’est comme maladie, mais ça a l’air hyper grave :

 

Voilà, à ce stade du billet, vous savez exactement où je vais en venir avec cette petite merveille.

On retrouve la même silhouette que pour la robe précédente, une sur-robe en velours uni sur une autre plus légère, dans une autre teinte, brodée aux manches.

Quant aux couleurs, c’est l’évidence même. Les manches, rouge sang, clament le choix qu’Arwen vient de faire de rester en Terre du Milieu pour demeurer avec Aragorn. Quant à la sur-robe, contrairement aux apparences, elle n’est pas en velours noir. Il s’agit d’un bleu nuit extrêmement profond.

A ce choix de couleur, plusieurs raisons :

  • Même si je viens de le qualifier de rouge sang, le velours des manches lorgne vers des tons orangés. Il fonctionne donc bien mieux avec un bleu, même très soutenu, qu’avec un noir, qui le rendrait trop agressif.
  • Le bleu nuit marque l’effacement progressif de la couleur des regrets, ici dominé par la couleur symbole de l’amour entre Arwen en Aragorn.
  • Puisqu’il lorgne sur le noir, on peut aussi y voir une référence au Gondor, à qui Arwen veut rendre son roi, ainsi qu’à la mortalité, qui est en train de la gagner peu à peu.

Autre point essentiel, les couleurs de cette robe reprennent celles de la robe de deuil. Ce costume y est une référence directe, tant dans ses teintes que dans sa silhouette. Arwen a fait un choix, celui de renoncer au regret. Mais se faisant, elle accepte aussi la mortalité, celle d’Aragorn d’abord, sa robe faisant directement référence à celle qu’elle portera des années plus tard pour ses funérailles, mais elle embrasse aussi la sienne.

Et c’est là qu’intervient la question de la robe bicolore.

Jusqu’à présent, Arwen était la reine du color block. Si elle pouvait introduire parfois quelques nuances grâce à diverses couches de vêtements, elle affichait en général une seule et unique teinte.
Mais dans toutes les scènes où elle oscille entre la fidélité à son père et l’amour d’Aragorn, elle porte une tenue dont les manches tranchent franchement avec le reste de sa tenue.

La raison est simple, elle illustre ce conflit, mais aussi, en particulier avec cette robe bleu nuit et rouge, la dualité de sa nature. Arwen navigue entre sa nature d’Elfe et sa nouvelle mortalité. Elle se situe dans un entre deux, et son vêtement traduit ce conflit. Le bleu nuit peut dès lors être vu comme l’expression de nouveau regrets, ceux de sa vie d’avant, auprès de son père et de son peuple. Mais s’ils sont largement compensés par la puissance de ses sentiments pour Aragorn, symbolisés par le rouge.

Minas Tirith.

La dernière robe d’Arwen recycle une troisième fois la forme établie par la robe bleu et argent, je ne vais donc pas vous la refaire.

 

Sa teinte, assez subtile, est donc entre vert et blanc. Bien qu’il n’y ait pas de cérémonie à l’écran, cette scène fait office de mariage, et puisque Dickson privilégie une symbolique simple, la mariée doit être en blanc.

Sauf que le blanc a déjà été employé pour ce personnage afin de servir un autre but : expliciter la nature elfique d’Arwen.

En interview, Ngila Dickson explique que les scénaristes désiraient une robe verte pour cette scène, mais que la difficulté consistait à trouver la teinte idéale. J’imagine que trouver ce velours à la couleur très subtile n’a pas dû être une partie de plaisir, mais le résultat est assez saisissant au final.

 


Dans le film, le velours tire plus vers le blanc que le vert, mais les photos de tournage montrent une teinte plus agressive, considérablement atténuée à l’étalonnage.


La mariée était carrément en fluo, les gars.

Le choix du vert, décidé par Peter Jackson, Fran Walsh et Philippa Boyens est ici logique et censé. La Guerre de l’Anneau s’achève au printemps, l’arbre du Gondor est en train de refleurir après des années de sommeil, les ténèbres du Mordor ont été repoussés, et l’âge des Hommes débute alors que les Elfes s’effacent. Ce costume prend ainsi le contrepied de celui marron de Fondcombe.

Couleur du printemps et du renouveau, le vert a parfaitement sa place ici. Cette dernière robe d’Arwen est un symbole éloquent à la fois pour son couple, qui connait ici une renaissance mais aussi pour le Gondor qui va pouvoir retrouver sa splendeur, et perdurer, mené par une nouvelle dynastie de rois.

Mais cette teinte, outre son sens symbolique dans le récit et pour le Gondor, traduit aussi l’état psychologique dans lequel se trouve Arwen. Revenue de sa mystérieuse « maladie », elle retrouve pour la première fois Aragorn qu’elle n’a pas vu depuis qu’il l’a jetée comme une chaussette trouée dans un caniveau de Fondcombe. Faible et incertaine, elle porte donc une couleur presque timide, hésitante, tendue vers l’espoir d’une fin heureuse. Or, dans la symbolique occidentale classique des couleurs, le vert est la couleur associée à l’espoir.

Ayant fixé son choix et toutes ses incertitudes résolues, Arwen retourne donc au color block, abandonnant ses tenues bicolores qui marquaient avant ses conflits et ses tiraillements entre son peuple et Aragorn.

C’était le point chiffon.

D’étoffes claires et légères à des velours sombres et plus lourds, la garde-robe d’Arwen illustre parfaitement le rôle du costume comme élément narratif à l’écran.

Servant aussi bien à traduire l’évolution d’un personnage et ses tourments, qu’à illustrer une atmosphère générale de plus en plus sombre, les costumes racontent une histoire à eux seuls, parfois même deux versions différentes d’un personnage.

Sur ceux d’Arwen, il est possible de dégager quelques tendances :

  • Les étoffes légères cèdent le pas au velours dès lors que Frodon reçoit sa mission de détruire l’Anneau, marquant ainsi l’abandon d’une certaine insouciance pour plus de gravité. Il pourra vous sembler étonnant que cette information passe par le costume d’un personnage éloigné du reste de l’intrigue. Cependant, les aléas de l’histoire n’autorisent guère le reste du casting à faire beaucoup varier ses tenues. Les personnages féminins, comme Arwen et Eowyn, des femmes possédant un statut social élevé, sont d’excellents prétextes pour raconter une histoire au travers du vêtement.
  • Le blanc est la couleur naturelle des Elfes, il souligne leur nature et leur confère une aura angélique.
  • Le bleu est la couleur du regret et de la mélancolie.
  • Le rouge celle de l’amour vécu.
  • Le noir symbolise la mort.
  • Le vert figure le renouveau.

Un répertoire de couleurs presque simpliste, qui s’applique sur le personnage d’Arwen, permettant une lecture très aisée. Loin d’être une facilité pour Ngila Dickinson, ce choix en réalité logique. La trilogie du « Seigneur des Anneaux » est une œuvre longue et complexe qui s’adresse à un public bien plus large que celui des livres. Il faut donc livrer au public des clés de lecture et d’appréhension immédiates, surtout lorsqu’elles concernent un personnage revenant de façon très ponctuelle au fil des trois films.

La prochaine fois, si le cœur vous en dit, on s’attaquera peut-être au cas d’Eowyn, avant de faire un tour d’horizon rapide de ce que portent ces messieurs pendant trois films (soit approximativement presque TOUJOURS la même chose).

Le bonus du fond de tiroir :

Dans les chutes des scènes coupées de la trilogie, il y avait visiblement une scène de flashback mettant en scène les amours naissantes d’Arwen et Aragorn en Lorien.

On en sait guère plus sur ce passage qui n’a survécu que sous la forme de quelques clichés où il apparait qu’Arwen porte une simple robe blanche dont on entre-aperçoit le haut fugacement.

Dans le prochain billet, garanti sur facture, le bonus du fond du tiroir sera nettement plus intéressant 😉

A très vite !

26 commentaires Ajoutez les votres
  1. Wahou !
    Alors déjà que j’aimais les points chiffons sur GoT mais sur LOTR c’est encore mieux ! Il faut dire que j’adore la saga (même si je n’ai jamais réussis à lire les livres… Soit c’est la plume de Tolkien soit la traduction mais je trouve que les versions françaises sont extrêmement lourdes dans leurs tournures de phrases… D’ailleurs j’ai le même soucis avec la traduction française de GoT) mais que jamais je m’étais fait ce genre de réflexion concernant les tenues des personnages ou du moins je n’avais jamais fais attention à ce point aux tenues et à ce qu’elles veulent dire.
    Je sens que d’ici la fin de l’été un marathon LOTR s’impose avec du coup un yeutage plus attentif des tenues des personnages.

  2. Wahou !
    Alors déjà que j’aimais les points chiffons sur GoT mais sur LOTR c’est encore mieux ! Il faut dire que j’adore la saga (même si je n’ai jamais réussis à lire les livres… Soit c’est la plume de Tolkien soit la traduction mais je trouve que les versions françaises sont extrêmement lourdes dans leurs tournures de phrases… D’ailleurs j’ai le même soucis avec la traduction française de GoT) mais que jamais je m’étais fait ce genre de réflexion concernant les tenues des personnages ou du moins je n’avais jamais fais attention à ce point aux tenues et à ce qu’elles veulent dire.
    Je sens que d’ici la fin de l’été un marathon LOTR s’impose avec du coup un yeutage plus attentif des tenues des personnages.

  3. Super boulot , je sens que je vais pas être le seul à avoir soudain envie de me refaire un visionnage des 3 films , je me rends compte du coup que je passe à côté de certaines choses assez intéressantes…

    Yuiko : LOTR gagnerait beaucoup d’une re traduction je pense ( idem pour Lovecraft d’ailleurs ) c’est vrai que certains passages sont un peu lourd niveau rythme.

  4. Super boulot , je sens que je vais pas être le seul à avoir soudain envie de me refaire un visionnage des 3 films , je me rends compte du coup que je passe à côté de certaines choses assez intéressantes…

    Yuiko : LOTR gagnerait beaucoup d’une re traduction je pense ( idem pour Lovecraft d’ailleurs ) c’est vrai que certains passages sont un peu lourd niveau rythme.

  5. Olala, une rubrique entière consacrée au point chiffon! Que de bonheur et de félicité!

    Un merveilleux article sur une merveilleuse garde-robe (ces manches en velours…). J’attends Eowyn avec impatience!

  6. Olala, une rubrique entière consacrée au point chiffon! Que de bonheur et de félicité!

    Un merveilleux article sur une merveilleuse garde-robe (ces manches en velours…). J’attends Eowyn avec impatience!

  7. @ Yuiko : il faut blâmer les versions françaises. Le style de Tolkien n’est pas des plus légers non plus, mais ça coule bien mieux en VO qu’en VF. Sans parler du fait que la traduction de Ledoux est farcie d’erreurs…

    @ ILDM : Et justement, cette retraduction existe ! Le premier tome « La Fraternité de l’Anneau », est sorti en 2014. « Les Deux Tours » ont été publiés l’année dernière. C’est plus conforme au texte originel, plus fluide, mais le très gros défaut de ce travail de qualité, c’est d’avoir voulu re traduire également les noms propres. Saquet devient Bessac, Fondcombe Fendeval, Grand Pas est l’Arpenteur (daffuq…)… L’effort est louable et pertinent, mais c’est extrêmement perturbant.

    @ Elwing : le billet consacré à Eowyn est en cours de rédaction 🙂 Il sera je pense en ligne la semaine prochaine.

  8. @ Yuiko : il faut blâmer les versions françaises. Le style de Tolkien n’est pas des plus légers non plus, mais ça coule bien mieux en VO qu’en VF. Sans parler du fait que la traduction de Ledoux est farcie d’erreurs…

    @ ILDM : Et justement, cette retraduction existe ! Le premier tome « La Fraternité de l’Anneau », est sorti en 2014. « Les Deux Tours » ont été publiés l’année dernière. C’est plus conforme au texte originel, plus fluide, mais le très gros défaut de ce travail de qualité, c’est d’avoir voulu re traduire également les noms propres. Saquet devient Bessac, Fondcombe Fendeval, Grand Pas est l’Arpenteur (daffuq…)… L’effort est louable et pertinent, mais c’est extrêmement perturbant.

    @ Elwing : le billet consacré à Eowyn est en cours de rédaction 🙂 Il sera je pense en ligne la semaine prochaine.

  9. Bonjour ma Dame. Vous avez préféré faire un point chiffon plutôt qu’une chronique sur Suicide Squad? Quelque part je vous comprend… Bravos en tout cas d’avoir montré qu’une idée simple, voire basique, de mise en scène peut passer inaperçue si l’on n’y prête pas attention (à moins qu’on l’intègre sans s’en rendre compte).

  10. Bonjour ma Dame. Vous avez préféré faire un point chiffon plutôt qu’une chronique sur Suicide Squad? Quelque part je vous comprend… Bravos en tout cas d’avoir montré qu’une idée simple, voire basique, de mise en scène peut passer inaperçue si l’on n’y prête pas attention (à moins qu’on l’intègre sans s’en rendre compte).

  11. Je suis tombée aujourd’hui même sur un article BuzzFeed dont je me suis dit qu’il fallait le partager sur ce blog, étant donné les analyses détaillées des costumes sur GoT. Et que vois-je en arrivant? Un billet entier point chiffon! Le hasard fait bien les choses 🙂

    https://www.buzzfeed.com/keelyflahe

  12. Je suis tombée aujourd’hui même sur un article BuzzFeed dont je me suis dit qu’il fallait le partager sur ce blog, étant donné les analyses détaillées des costumes sur GoT. Et que vois-je en arrivant? Un billet entier point chiffon! Le hasard fait bien les choses 🙂

    https://www.buzzfeed.com/keelyflahe

  13. Intéressant. Le point chiffon est un des points forts de vos articles, c’est une bonne idée d’en faire une rubrique spéciale.

  14. Intéressant. Le point chiffon est un des points forts de vos articles, c’est une bonne idée d’en faire une rubrique spéciale.

  15. @ De passage : woooah, merci beaucoup pour cet article !!!! Donc c’est Clapton qui a fait les costumes du dernier épisode et elle revient l’an prochain, très bonne nouvelle ! Après avoir suivi ces personnages pendant 5 ans, c’est dommage de passer le relais à quelqu’un.
    L’article me rassure un peu aussi, je ne raconte pas trop de conneries :p

    @ Strannik : merci 🙂

  16. @ De passage : woooah, merci beaucoup pour cet article !!!! Donc c’est Clapton qui a fait les costumes du dernier épisode et elle revient l’an prochain, très bonne nouvelle ! Après avoir suivi ces personnages pendant 5 ans, c’est dommage de passer le relais à quelqu’un.
    L’article me rassure un peu aussi, je ne raconte pas trop de conneries :p

    @ Strannik : merci 🙂

  17. Le genre de chose que je ne remarque quasiment pas, j’avais la garde robe en tête mais je n’ai jamais associer les teintes à des messages (du moins consciemment).
    Bref, j’aime les point chiffon de la Dame.

  18. Le genre de chose que je ne remarque quasiment pas, j’avais la garde robe en tête mais je n’ai jamais associer les teintes à des messages (du moins consciemment).
    Bref, j’aime les point chiffon de la Dame.

  19. @ lockeforever : vous voudriez que je pointchiffonise « Les Tudors », sachant que cette série est un pur costume porn, et que c’est, avec Natalie Dormer, sa seule qualité ? Damned… C’est presque tentant, mais il faudrait que je me retape la série pour ça et sincèrement, je ne sais pas si j’aurais le courage 🙁

  20. @ lockeforever : vous voudriez que je pointchiffonise « Les Tudors », sachant que cette série est un pur costume porn, et que c’est, avec Natalie Dormer, sa seule qualité ? Damned… C’est presque tentant, mais il faudrait que je me retape la série pour ça et sincèrement, je ne sais pas si j’aurais le courage 🙁

  21. Bonjour ma Dame,
    en lisant vos points chiffon, j’imagine avec bonheur ce que pourrait donner votre analyse des costumes du film Crimson Peak. Ce ne sont pas des costumes médiévalisants comme ceux dont vous parlez habituellement, mais gosh, toute la signification qu’ils portent en relation avec les décors et les différentes sortes de créatures (personnages, fantômes, animaux), c’est fabuleusement dingue… En commençant à y réfléchir je me suis aperçue qu’il y avait énormément de choses à dire, et comme vos points chiffon sont géniaux, j’aurais grand plaisir à en lire un sur les costumes de ce film.

  22. Bonjour ma Dame,

    En lisant vos points chiffon, j’imagine avec bonheur ce que pourrait donner votre analyse des costumes du film Crimson Peak. Ce ne sont pas des costumes médiévalisants comme ceux dont vous parlez habituellement, mais gosh, toute la signification qu’ils portent en relation avec les décors et les différentes sortes de créatures (personnages, fantômes, animaux), c’est fabuleusement dingue…

    En commençant à y réfléchir je me suis aperçue qu’il y avait énormément de choses à dire, et comme vos points chiffon sont géniaux, j’aurais grand plaisir à en lire un sur les costumes de ce film.

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