« Lobotomibertééééééééé !!!!!!!! »

Zack Snyder est un sacré petit malin. Comprenant que des Spartiates huilés tapant sur des drags queens dans une ambiance top trendy genre « je fais de la recherche graphique tu peux pas comprendre », çà ne suffisait plus pour créer le buzz, il dégaina quelques années plus tard « Watchmen » dont l’un des arguments de vente était, il faut bien le dire, le Spectre Soyeux, du moins pour tous ceux qui n’avait jamais lu le comic et qui ne se serait jamais déplacés pour Dr. Fukushima, pardon, Manhattan.
Du coup, avec « Sucker Punch », il livre un combo assez malin sur le plan marketing : de la recherche graphique (enfin, genre, quoi), des filles gaulées comme le Spectre Soyeux, mais que des filles cette fois, pas de gonzo bleu qui se balade le sifflet radioactif à l’air, et surtout, pour remplacer les slips de « 300 », d’autres slips avec des guêpières et tout plein de jupettes virevoltantes.
Et hop, comment que je te fais un gros buzz à pas cher aux allures de soft porn caché derrière la sacro sainte « recherche graphique » (c’est bon Zack, t’as assez cherché maintenant, serait temps de trouver).


Encore un film auquel on n’était pas préparé, décidément…

Vous connaissez sans doute tous l’histoire (parce que vous avez maté les bandes annonces en boucle, ne me mentez pas, je vous connais), mais je vous la refais quand même : Baby Doll (mais pas que, vous allez voir, hihi, y’a un twist !) a tout plein de soucis dans sa famille et dans sa tête alors on la place dans un hôpital pour strip teaseseuses jeunes filles à problème. Avec ses codétenues, elle monte alors un plan d’évasion ambitieux qui consiste à partir dans un monde imaginaire pour régler ses problèmes IRL (c’est vrai que c’est totalement du jamais vu, mais je ne vais pas faire ce procès à Zack Snyder, se serait trop facile un peu comme vendre un film avec des gogos danceuses qui poutrent des robots) avant que Don Draper ne vienne la lobotomiser, sans doute pour la rendre plus réceptive à ses publicités…


Et n’oublie pas petite, que chat échaudé craint l’eau froide.  » Ou alors que Noël au balcon, Pâques au tison. ‘Fin un truc cool dans le genre. »

Non mais comment que çà a l’air trop génial ! En plus elles sont habillées en étudiantes catholique pendant TOUT le film !

Mais miracle, Zack Snyder a tellement la coolattitude que son film, vendu comme épique, décomplexé et sexy est en fait pas du tout épique et encore moins sexy (en même temps, je ne suis pas vraiment bien placée pour juger de l’effet kisscool de ce film au niveau de…, ‘fin voilà quoi….). Au moins il est décomplexé sur le plan du « Ah bah j’avions rien à raconter, mais çà vous dirait quand même deux heures de film sur rien ?« 
Mais qu’est ce que je fais dans cette salle ? Pourquoi je suis là à regarder un film de Zack Snyder alors que je n’ai qu’une envie devant ses films, c’est de passer tous ses ralentis à vitesse normale pour ramener le métrage à sa durée réelle, soit environ 20 minutes ?

Si pour le public cible l’argument de choix reste le pitch choc : « Boobs, boobs everywhere ! », pour moi, j’avoue, c’est le duo gagnant zeppelin+dragon qui m’a fait me déplacer. Sérieux, vous connaissez beaucoup de filmsproposant LES DEUX ?

Si c’est le cas, toutes mes confuses. Par contre, est-ce que vous connaissez beaucoup de films avec un dragon, un zeppelin et un chef opérateur daltonien ?


« Je cherche, mais je vois pas… »

Zack Snyder, homme de défi, a en effet engagé pour ce film un chef op qui a visiblement du mal avec les couleurs. Pour montrer à l’humanité ce que c’est vraiment que le daltonisme, il a décidé de plonger le film entier dans un camaïeu caca d’oie du plus bel effet. Et qu’on ne vienne pas me dire que çà sert l’ambiance glauque du film, sinon je vous renvoie à « Shutter Island ».

Mais « Sucker Punch » ce n’est pas qu’un visuel à gerber, c’est aussi un grand film cérébral, voyez-vous car, olol, par une pirouette cacahouète d’une maestria confondante qui renvoit « Le Prestige » et « Inception » dos à dos en une fraction de seconde dans une digestion imparable de la pop culture et un festival de rayfayrences toutes plus cool les unes que les autres, Zack Snyder nous livre un film à tiroir plein d’indices de fifous.

Ah oui, c’est dommage de s’automutiler avec un truc visuellement aussi laid et des carences d’écriture aussi flagrantes.

Sur le principe, l’idée n’était pourtant pas si mal : « Sucker Punch » raconte l’histoire de Sweet Pea qui s’invente un ange gardien en la personne de Baby Doll pour se libérer non pas de l’asile mais de sa névrose.

Youpi tralala, pour un peu j’aurais trouvé çà génial, sauf que c’est tellement mal emballé et tartiné de « cool » pour faire genre que finalement, « Sucker Punch » m’a mise en rogne…

Déjà, y’a un niveau de trop dans le film. Premier niveau, l’asile moche et pas beau, bon, faut bien partir de quelque part… Second niveau, le bordel (on se demande bien pourquoi ce choix d’ailleurs, mais je ne vais pas non plus suggérer que Snyder ait voulu racoler. Si ? Ah…), passe encore, parce qu’il mâtine la réalité pour la rendre plus acceptable.
Mais le troisième niveau Oo ?

Déjà c’est le plus laid des trois, ensuite, c’est le moins original (Si, si, c’est vraiment tout naze), et pour finir, il ne sert absolument à rien, sauf à mettre des ralentis, des poses iconiques et des plans de petites culottes iconiques au ralenti. Cà fait maigre, faut avouer…
Non parce que je suis peut-être bête ou de mauvaise foi (y’en a qui disent les deux) mais vu que de toute façon, les filles chopent ce dont elles ont besoin dans le second niveau de réalité, pas la peine d’aller jouer les otaques sous acide à un sexy cosplay dans un autre niveau de rêve pour aller y récupérer pile le même objet. Sauf si çà sert à rallonger la sauce, à combler le vide abyssal du script, le tout en donnant l’illusion qu’on a trop du style et de l’imagination parce qu’on a des références, voyez-vous…


« Gitchi gitchi ayaya yeah ! » (je me suis trompée de film ?)

Zack Snyder ne sera jamais un grand réalisateur, juste un faiseur d’esbroufe honnête à l’imaginaire limité et au goût très moyen. Mais qui avec ce film a pondu tout de même une idée de base pas complètement dégueulasse.

La gestion des strates de rêves est ici à la ramasse, et les enjeux du scénario soulignés au katana histoire qu’on pige tout bien comme il faut. Résultat, un twist censé être trop « cool » éventé en 20 minutes (enfin, seulement si on s’est endormi pendant l’introduction) et un film qui se suivra ensuite sans intérêt particulier (d’autant qu’il fait bien saigner les yeux, aussi)…

Zack Snyder c’est clairement le type qui fait dire toutes les 5 minutes : « dommage ».


« Et ouais, dommage petite, toi aussi tu joues dans ce film ! »

Dommage pour les scènes de la seconde strate du rêve noyés dans une photo dégueulasse et filmées sans conviction et sans doute sans les mains aussi.
Dommage pour l’originalité qu’on était venu chercher quand on voit les repompes grossières (« nan mais t’as rien compris au cinéma de Zack Snyder, c’est pas des repompes c’est des références ! Ou des hommages ! » Mais oui, mais oui…) dans tous les coins : orcs du « Seigneur des Anneaux » (Weta Workshop cambriolé), dragon qu’on dirait Aile de Mort mix « Beowulf« (Blizzard et Robert Zemeckis outragés), David Carradine (oui, vous avez bien lu, David Carradine) pour jouer le maître zen/kungfu/fengshui/ninja (Scott Glen, le sosie de David Carradine embauché), robots de « I, Robot » qui passent même faire un coucou caméo sympathoche (dans le pire passage du film, la séquence du train, plus moche tu meurs)…

J’en ai le tournis…


Mon moment préféré, forcément.

J’admirerai tout de même à jamais les bandes son dans les films de Zack Snyder. Le type ose tout, absolument tout et c’est souvent aussi génial qu’hallucinant(«  »Hello irony my old friend… »).
Premières minutes du film, boum « Sweet Dreams Ze Cool Remix » pour accompagner la présentation du back ground de Baby Doll : donc déjà, gros indice sur la nature de ce que l’on voit à l’écran (comme si la photographie et la scène de théâtre ne suffisaient pas pour comprendre que l’on est là dans un univers onirique, merci Zack…), ensuite, devinez le nom de l’asile dans lequel sont détenues les filles ? Lennox, comme Annie Lennox, la chanteuse de Eurythmics, le groupe qui chante « Sweet Dreams », MAIS QUELLE BOUCLE RHETORIQUE DE MALADE !!!….
Et cerise sur le gateau, l’héroïne s’appelant Sweet Pea, je pense qu’on peut aussi en tirer les conclusions qui s’imposent.
Connaissant Snyder, j’y vois un lien de cause à effet, mais pas pour la mise en abime ou autre truc, hein, non, juste parce que c’est cool…
On a le droit de trouver çà malin, moi je pense que c’est surtout absolument jamais subtil. Juste atrocement didactique. Mais c’est une question de point de vue.

[Intermède : extrait du making off de « Sucker Punch » : Le Choix de la Bande Originale, la scène de fin.

Fin de l’intermède (pas la peine de me dire merci]

Autre moment grandiose où se mêlent BO et image dans un feu d’artifice de « Attend, je t’explique parce que tu pourras jamais comprendre tout seul » : l’arrivée du maire.

Déjà, le maire, on dirait Fatal Bazooka, ce qui pose suffisamment le personnage, enfin moi je trouve. Mais Zack Snyder a peur que le spectateur ne comprenne pas bien (c’est vrai, on ne sait jamais). Alors il fait des gros plans sur ses chaines, ses bagues et son gros cigare et pi un beau montage allant alternativement de ses chaines à ses bagues en passant par son cigare.
Cependant, et je le comprends, çà pourrait s’avérer ne pas être assez clair. Donc Zack Snyder a une idée de génie du mal, il habille la séquence avec de la musique qui te parle dans le dedans de ton oreille pour t’expliquer la psychologie hautement complexe du personnage. Genre « We Will Rock You » et « I Want it All », mais remixées, sinon c’est pas assez cool.

Personnellement, mis à part le viol sauvage de Queen par un rappeur dégénéré, j’ai eu du mal à croire que j’avais vu une scène pareille. Mais où s’arrêtera Zack Snyder ? S’il continue comme çà, il finira par illustrer une scène d’amour par « Hallelujah » de Jeff Buckl… Ah, on me signale qu’il l’a déjà fait…

[Intermède : extrait du making off de « Sucker Punch » : Le Choix de la Bande Originale, l’arrivée du maire.

Fin de l’intermède (vas-y ferme ta bouche, pas la peine de me dire merci]

Mais le pire c’est que tout sera du même tonneau question subtilité genre l’analogie entre le mec chargé de lobotomiser Baby Doll avec une grosse tige pointue et son alter ego onirique à qui revient l’honneur de la déflorer, attention, sortez tous vos symboles phalliques…
Ou le final « koncroiraitkesayleréelménonenfait » dans lequel on explique trois fois le twist histoire que tout soit bien clair hein, faudrait pas non plus larguer le spectateur en route (d’autant qu’on lui a déjà tout expliqué dans l’introduction du film, mais il faut le comprendre, le spectateur a très bien pu être distrait par les petites culottes des héroïnes en cours de métrage, un peu comme les mecs dans le film quand Baby Doll danse… Mais…Mais… MAIS C EST UNE MISE EN ABIME !!!) : la voix off, les plans de Baby Doll de dos, et retour du jumeau de David Carradine « et votre ange gardien prendra la forme d’une jeune fille ou d’un vieux mystérieux et vous aidera dans vos rêves, voilà, vous avez compris ?« 


Une photographie de qualitay.

A noter que le personnage du vieux bonze a toujours un truc très intéressant à dire aux filles avant leur départ en mission genre :

« –Après la pluie vient le beau temps. »
ou :
« –Un tien vaut mieux que deux tu l’auras.« 
Mais çà a l’air d’être de la sage bouddhique ou autre truc que moi, je ne suis pas assez cool pour comprendre, alors je les interprète comme des platitudes complètement débiles mise là pour donner l’impression qu’on regarde un mix Matrix/Kill Bill/Inception ou je sais pas quel être hybride, mais un être hybride cool, çà c’est sûr, on est dans un film de Zack Snyder (et qui suis-je pour juger, mayrde, hein ? Jamais je porterai aussi bien les bas résilles que Sweet Pea.)

Dans le fond, « Sucker Punch » m’a laissée perplexe. J’y aurai trouvé un monde des rêves vraiment délire, alors que je reprochais justement à « Inception » d’être en la matière resté tristement terre à terre, je reconnais que l’idée de départ est plutôt sympa, mais franchement, l’ensemble est emballé n’importe comment, écrit n’importe comment, et Zack Snyder passe tellement de temps à prendre le spectateur pour un con qu’il me fait finalement douter de l’intelligence de son propos…

Certes, le final sombre est la marque Snyder, mais cela n’en fait pas pour autant un génie. A mon avis c’est juste un type plus doué que la moyenne pour faire passer du racolage actif pour une forme d’art progressiste.

Note : olol.

PS : [Intermède : extrait du making off de « Sucker Punch » : Le Choix de la Bande Originale, le thème de Blue, le maquereau à moustache
« Sucker Punch »=> rêve dans un bordel => maquereau=>peau bleue=>bleu=>blue=>Blue=>blue movie=>porno=>les Milles et Unes Nuits…. OMAGAD J’ai trouvé la chanson parfaite pour une boucle rhétorique de folie !

fin de l’intermède et de ce long billet, soulagés, pas vrai ? ]

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