Fuck Yeah America.

Alors que j’étais à deux doigts de clôturer mon été en n’ayant vu aucun vrai bon film, patatra, ma belle dynamique se brise sur le plus improbable et le moins attendu (pour moi) des Avengers, j’ai nommé «Captain America » de Joe Johnston.
Adaptation intelligente, travail de caractérisation rondement mené, action bien filmée, ambiance léchée, il ne manquait pas grand-chose à ce film pour se hisser à la hauteur d’un « Spiderman » ou d’un « Batman » (versions Burton et Nolan, mais avec une nette préférence pour le premier). Un zeppelin aurait fait l’affaire, mais Johnston a préféré une aile volante.
Bon, c’est un choix comme un autre…


Et le sous-titre de l’affiche de contredire allègrement le film lui-même. Bravo les mecs….

Trop d’adaptations de comics oublient qu’au centre de chaque univers super héroïque, il y a avant toute chose…… le super héros.
C’est dingue.

Or, tout super héros, ou surhomme, appelez-le comme vous voulez de toute façon, la différence est mince (en fait, il n’y en a aucune) est avant tout un homme (deuxième truc de dingue en moins de 10 lignes, je parie que vous êtes contents d’être venus). Un sujet dont Sam Raimi avait admirablement su traiter dans sa trilogie « Spiderman ».
Joe Johnston reprend la recette, en développant une longue mais nécessaire introduction autour de Steve Rogers, le midget de Brooklyn, et de son idéologie personnelle.
Assis sur un scénario solide, il dépeint la naissance de Captain America dans son contexte de composition d’origine (ici l’entrée en guerre des Etats-Unis), se concentrant sur l’homme chétif mais déterminé, pour de bonnes raisons, à faire don de lui-même à sa patrie.

Par une mise en scène intelligente, Johnston échafaude son film sur l’anamorphose d’un homme acquérant brutalement les moyens de ses ambitions sans jamais perdre son statut de héros.
Car héros, Steve Rogers l’est assurément. Lorsqu’il affronte les recruteurs et leurs refus systématiques, lorsqu’il défend l’honneur des soldats qui meurent au front en provoquant un agitateur dans un cinéma, lorsqu’il se jette sur une grenade pour protéger ses camarades.

Son nouveau statut de super soldat ne change guère que sa capacité à agir réellement et sur le théâtre d’opération qu’il s’est choisi.

Johnston souligne d’ailleurs habilement cette transition quasi factice en montrant, à deux reprises, Rogers se protéger avec des boucliers, la première fois avant son traitement, utilisant un couvercle de poubelle, et la seconde après les injections, avec une portière de voiture.

Steve Rogers n’est pas devenu Captain America par hasard. Il l’était avant même sa rencontre avec le docteur Erskine, lequel ne fait que le mettre sur les rails qui le conduiront vers son destin. Joseph Campbell, un commentaire ?

Cette volonté de garder l’homme au premier plan devant le super héros se traduit à nouveau lorsque Captain America acquière son statut du héros national et surtout de combattant. Jamais mis en avant, jamais cadré de façon à ressortir du lot, il demeure toujours à la juste place que Steve Rogers s’est choisie, parmi les autres soldats, ni plus, ni moins.
La dynamique de groupe qui se met en place avec le howling commando traduit à merveille cet esprit et jure avec l’outrance assumée de la période durant laquelle Captain America récolte des bons dans un spectacle de cabaret, vêtu d’un uniforme vaguement bouffon, et tout environné d’une iconisation aussi factice que ridicule.

De l’autre côté du spectre, se dresse la figure inquiétante de Crâne Rouge, le vil nazi de service et tellement plus encore, qui avec son organisation Hydra (ah, le « Heil Hydra », avec les deux bras levés, pour faire deux fois plus nazi…) éclipse bientôt totalement Hilter, réduit à un guignol se faisant casser la figure pendant les spectacles de Captain America.


« Heil Hydra ! » A défaut d’être morts de peur, vous serez morts de lol.

Crâne Rouge est un antagoniste réellement fascinant et ce à plusieurs niveaux. Créé tout comme Cap par le docteur Erskine, il est l’incarnation du surhomme, du mythe européen qui mourra bientôt d’avoir été marqué par l’affrontement des idéologies mais qui survivra dans la culture américaine, par le biais, je vous le donne en mille, des comics.
De ce point de vue, le personnage est extrêmement intéressant car il représente tout la dérive du concept.
Là où Captain America lutte pour ses hommes et la liberté, Crâne Rouge se complait dans son propre culte et ses délires de domination. La mise en scène ne cesse de souligner ce propos, puisque Johann Schmidt n’est quasi exclusivement filmé qu’en contre plongée, isolé au centre du cadre, ou dominant le reste du monde de sa haute stature .

Amusant d’ailleurs comme Johnston tourne en dérision le concept de pureté raciale par le biais des deux ennemis. Dans une scène, Schmidt se plaint du désamour d’Hitler car il ne correspondrait plus à son idéal aryen (tu m’étonnes…). Quelques séquences plus tard, il se fera proprement botter le cul par un jeune super héros américain, grand et hyper blond…

On pourra juste regretter le manque de temps consacré à cet antagonisme, Crâne Rouge étant clairement sacrifié à l’évolution du rôle de Captain America (pardonnable) comme la fin de ce big bad, légèrement expédiée à coup de cube cosmique (souvenez-vous, ce truc que regardait Loki avec gourmandise dans la séquence post générique de « Thor »).

Pour ma part, je me serai assez vite consolée. Entre une caractérisation bien menée, des personnages secondaires qui viennent réellement nourrir le récit, d’habiles placement de figures du catalogue Marvel (avec un gros faible personnel pour Howard Stark, clairement et joliment assimilé à Howard Hughes, le modèle sur lequel fut bâti Tony Stark) et l’ouverture prochaine vers « Avengers » de Joss Whedon, présenté après un générique de toute beauté, il y avait de quoi satisfaire mon goût pour les blockbusters de qualité.

Vivement l’année prochaine, donc.

Note : **/*

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